L’histoire commence après la lutte.
Quelle empreinte une révolte laisse-t-elle chez celles et ceux qui l’ont vécue ?
L’impact d’un évènement peut s’écouter au travers d’une partition progressive jouée sur le temps long. En suivant les itinéraires croisés de Gilets jaunes pendant plusieurs années après le mouvement, le film interroge l’évolution de leurs rapports au monde, à la politique, à la violence, à l’altérité ou aux frontières sociales.
Puis la lutte trace aussi des sillons plus intérieurs qui parfois bouleversent et parfois affranchissent, et qui se révèlent dans les relations au travail, à la famille, à la parole et à soi-même.
En écho, une historienne et une sociologue font résonner ces traces avec celles d’autres mouvements ayant marqué l’Histoire, comme la Commune de Paris ou les Indignés espagnols.
En passant par l’intime et par les parcours collectifs, le film questionne jusqu’où les luttes sociales peuvent nous transformer et se faire émancipatrices.
Partenaires de la soirée : La Grève (le local de la Coopérative Intégrale du Bassin de Thau) et la Ligue des Droits de l'Homme Sète-Bassin de Thau.
Animation du débat : Cécile Hautefeuille, journaliste de Médiapart
Note de la production
Des goûts de lutte est notre première collaboration avec Emmanuelle Reungoat et Pierre-Olivier Gaumin. Le projet a retenu toute notre attention pour ce qu’il nous raconte de notre rapport au politique aujourd’hui. Sommes-nous réellement désillusionné·e·s ? Et le film réussit ce pari de traiter de l’élan collectif et de sa force, capable de nous aider à nous réapproprier l’espace de la citoyenneté .
Des goûts de lutte n’est pas un documentaire sur les gilets jaunes. S’il prend son ancrage dans ce soulèvement qui fait aujourd’hui date dans notre histoire contemporaine française, le film tend à questionner « l’après » de manière plus générale : que reste-t-il d’une révolte collective quand le temps a coulé ?
En cinéma direct, structuré par les récits choraux de cinq protagonistes, Des goûts de lutte est un documentaire au long cours initié avec souffle par Emmanuelle, rejointe par Pierre-Olivier à la réalisation. Quelles traces personnelles et sociétales laissent ce soulèvement ? C’est ce postulat qui nous a intéressé.
Les mutations d’une société sont lentes. Redonner de l’espace au temps présent apporte du sens à l’engagement. Et c’est tout l’enjeu de ce documentaire, construit à partir d’une réflexion sociologique et avec des personnages proches de nous. Des goûts de lutte ne dresse pas un bilan. Il nous invite à nous projeter sur les possibles. Et ils sont aussi riches que surprenants ! Le parcours de chaque protagoniste en est l’illustration sensible. À la diversité́ de leur trajectoire personnelle, cette aventure sur l’après et l’autrement possible est complétée avec finesse par les voix d’une historienne et d’une sociologue. Sans jamais occuper la place du sachant qui nous imposerait une expertise prémâchée de la révolte en train de se jouer, les voix des deux femmes nous accompagnent dans notre réflexion. Grâce à ce dispositif, nous nous détachons d’un rapport uniquement empathique pour explorer différemment le passage à la lutte et ce qu’elle laisse collectivement.
Des goûts de lutte est un documentaire qui, à partir des visages d’ici, nous dresse un portrait de la France. Un film qui s’appuie sur un long travail de recherches sociologiques. Un film qui repose sur une matière très fournie en termes d’interviews et d’images faites au long cours, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. Emmanuelle a noué une relation de confiance et de proximité rare avec chacun de ses personnages. Rapidement rejointe par Pierre-Olivier, ils ont suivi leurs engagements, leurs évolutions, leurs espoirs, leurs désillusions, leur ouverture sur les autres et leur découverte d’eux-mêmes…
Serge Lalou, producteur, Sophie Cabon, productrice associée & L’équipe des Films d’Ici Méditerranée